Comme un sentiment d'insatisfaction.


Je vais tenter d'être clair sur un sujet qui ne l'est pas et pour cela je vais même vous tutoyer.

Prenons un exemple concret : tu as un projet personnel qui compte beaucoup pour toi, mais personne dans ton entourage, dans tes connaissances, ou dans ta famille ne peut t’aider directement pour sa réalisation. Tu sais que c'est possible, car en regardant ailleurs dans le monde tu as vu que d’autres avaient réussi, donc tu te lances.

Tu surmontes les premières difficultés, ton projet n’est plus uniquement dans ta tête, mais bien présent. Pourtant il ne se développe pas comme tu l'espérais. Tu en perds un peu tes ardeurs, tu canalises ton envie et apprends la patience.

 Au bout d'un certain temps cela ne suffit plus. Une insatisfaction apparaît, alors tu cherches à comprendre comment les autres ont procédé, comment être plus efficaces. Mais chaque fois c'est la même chose, les répercussions dans le monde réel sont totalement disproportionnées par rapport à l'énergie que tu dépenses pour la réalisation de ce projet. 

Tu risques alors de devenir envieux. Peut-être que ceux à qui tu te compares n'ont rien à voir avec toi ? Il se peut qu’ils aient obtenu de l'aide de par leur situation. Peut-être appartiennent-ils à une classe sociale qui a naturellement un pouvoir dominant, ce qui leur permet de rayonner rapidement.

De ton côté tu ne souhaites pas obtenir un « pouvoir de domination ». Peux-tu entendre le mot « pouvoir » dans son sens premier : “possibilité de faire”. Ce sentiment d'absence de pouvoir est certainement ta plus grande source d'insatisfaction. Ton cerveau fonctionne parfaitement, tu as de l'énergie à revendre et pourtant les résultats ne sont pas au rendez-vous. Comment obtenir de la « possibilité de faire » ? Quelle est cette source extérieure qui vient s’ajouter à ton énergie, ton envie, tes moyens d'action ? Et si en fait, il ne s'agissait pas de pouvoir, mais de puissance ? Cela ferait sûrement une grosse différence. La puissance se met au service d’un projet pour sa réalisation (sauf quand elle cherche à dominer, mais dans ce cas il est à nouveau question de pouvoir).

Pour que la puissance traverse, il lui faut un support à traverser. Quelque chose de concret, comme le disait Peter Carroll “la magie fonctionne en pratique, mais pas en théorie”. Ça y est j'ai lâché le mot “magie” pour définir la puissance, c’est donc de magie dont nous avons besoin et pour que la magie traverse nous devons avoir des pratiques qu’elle viendra traverser, comme lorsque l'on fait une chose et que tout à coup on s'écrit c'est magique ! Un supplément s’est ajouté involontairement à ce que l'on a réalisé (mon projet se développe).

Mais peut-on le faire volontairement ? Constater que la magie a traversé c'est beau. Pousser la magie à traverser c'est puissant.

On ne devient pas puissant bien sûr, mais on obtient une satisfaction du fait d'avoir participé à ce phénomène. Nous ne saurons jamais avec certitude, si notre participation a contribué à l'apparition de ce supplément magique, par contre le sentiment d'absence de pouvoir que l'on pourrait appeler le sentiment d'impuissance, a disparu, la pratique magique est venue combler ce vide.

La pratique magique est une façon d'aller au contact de ce qui ne nous rassure pas.

Oser affronter un choc, aller à l'encontre de notre fragilité de façon à être surpris et renforcé par l'expérience. Par exemple : boire un verre de Soma, nu dehors à la pleine lune une nuit d'hiver est déjà en soi une sensation tout à fait étonnante, une situation inhabituelle qui déconcerte notre raison. La nuit, mais en pleine lumière, une boisson étrange à la main sous le regard intimidant d’une grosse boule blanche et si en plus nous ajoutons une intention dans cette pratique. Nous mettons de « l'attention sur notre intention », les coïncidences les plus lointaines commencent à se manifester. Nous sommes à nouveau en prise avec ce qui se passe, nous ne sommes plus dépossédés, nous nous impliquons dans ce qui nous échappe et cela donne du sens à ce qui habituellement n'en avait pas. 

Les risques sont-ils calculés ? Non ! Ici on ne peut pas calculer le risque, on peut définir ce qui est fragile et commencer à le renforcer par de petits chocs qui agissent comme des piqûres d’abeilles. Le but du magicien est de positionner sa vie de manière à ce qu'elle réponde positivement à la répétition des petits chocs venus de l'imprévu, de façon à faire varier peu à peu la constante. Quand ce qui était entre les mains de Fortune* (X La Roue de Fortune) n’est plus hors de portée, vous devenez le Fou de Fortune, le fripon divin, le faiseur de Tours.

Ceci n’est bien sûr qu'un tout petit exemple des multiples possibilités des pratiques magiques qu'il ne faut pas envisager comme des superstitions, ou des croyances, mais tout simplement comme quelque chose que l'on fait au lieu de ne rien faire, de façon à permettre à la puissance de traverser notre projet.

*Fortune au sens de dame Fortune, de à votre fortune bon cœur, de la chance et du hasard.


 Ps : Si vous voulez en savoir plus au sujet des pratiques magiques, n'hésitez pas à me le faire savoir.

En savoir plus

TAROT CRÉATIF ET ONDE CLANDESTINE

Avant toute chose, je vais commencer par faire ce que je redoute le plus et qui m’est presque pénible. Je vais « définir », au risque de les réduire, trois éléments qui reviennent souvent dans mes écrits, mais qui ne semblent pas suffisamment clairs pour tout le monde.


1-   Les Triomphes : c’est le nom ancien que l’on donnait à ce que l’on appelle aujourd’hui les arcanes majeurs. Les 22 Triomphes portaient ce nom avant même d’avoir été intégrés dans le Tarot de Marseille. Ils ont donc selon moi une toute autre histoire que celle des arcanes mineurs qui sont les 56 autres cartes du Tarot de Marseille qui en contient 78 en tout.

2-   Entités pétrifiées : c’est le sentiment que beaucoup de gens ressentent quand ils sont face aux Triomphes. Ces images ne leur parlent pas, ils ont l’impression qu’elles sont figées, voir même hostiles, ils ressentent leurs importances mais se demandent par qu’elle bout les prendre. Ils les voient comme des entités pétrifiées.

3-   Ondes clandestines : c’est la partie de l’entité qui ne s’est pas laissée attraper. Imaginons que ce que représente un Triomphe soit vivant, et que soudainement pour des raisons pratiques de classification, il a été décidé dans faire un spécimen plat et inerte comme une carte (une entité pétrifiée). Et bien juste avant cette opération, la vie de l’entité s’est volatilisée et s’est réfugiée dans les plis du monde. C’est ce que j’appelle l’onde clandestine.


Voilà maintenant nous pouvons commencer

.L'onde clandestine d'un Triomphe c’est l’ineffable de l'entité pétrifiée. Cette onde vit sans sa carapace, en toute souplesse en dehors du champ de la conscience, insouciante aux significations symboliques portées sur elle. Son point de vue réveille la vieille question du « sens de la vie » en le déplaçant vers « le sens des vies » et nous permet de comprendre que nous ne sommes pas le centre du monde, mais que nous en faisant juste partie.

Il nous faut pister la trace de l’onde clandestine en découvrant en nous ce qui a persisté d'elle et a permis sa survie. L’empreinte qu’elle laisse est fatalement liée à son absence, il y a une béance derrière elle. L’onde clandestine résonne dans notre vie quotidienne, dans les conversations que nous entendons, les paysages que nous regardons, les films que nous voyons, les livres que nous lisons, les animaux que nous croisons, les plantes que nous sentons, les musiques, les goûts, les émotions, souvenirs, rêves, cauchemars, silences...

Partir sur les traces de l’onde clandestine pour ensuite se nourrir de cette observation, c'est l'inverse d'une cueillette d'un monde mort, mis à plat, à sécher pour être ensuite nommé et défini comme dans un herbier. Car dans ce genre de collection nous n’avons aucune chance de rencontrer le Soleil ( XVIIII) au contraire nous obscurcissons d'énormes régions de son être. 

 Alors, acceptons plutôt de contempler par exemple le tournesol, sans interférer, simplement en reconstituant son jaune lumineux en mémoire, en imagination solaire de façon à rendre hommage à la lumière qui transfigure les êtres, comme le disait Vincent Van Gogh.


Pour ne plus voir les Triomphes comme des entités pétrifiées, il est utile de les nourrir avec les ressources de la philosophie, de l'art, de la magie, de la psychanalyse, de la botanique, de la mythologie, de l’anthropologie, de l’astronomie, des superstitions, qui offrent une bonne approche du fait que dans ces domaines les Triomphes ne sont pas traités directement.

 « Nourrir ! » Les Triomphes eux aussi peuvent le faire, en s’adressant directement à l'esprit de celui qui les contemple dans leur ensemble, de leur naissance, à leur épanouissement, mais dans une manière créative d’observation permettant à l'entité pétrifiée de s'épanouir. Pas de généralisation, juste la découverte joyeuse des contradictions, le plaisir de la remise en question et des doutes que suscitent les Triomphes.

Comme un enchevêtrement, un mycélium, les Triomphes créent une infrastructure philosophique. Ils sont à la fois un et plusieurs, constitué d'une myriade de petits détails. Groupés mais relativement indépendants les uns des autres et peu à peu ils s’animent et se laissent entendre.

EXPÉRIMENTATION : faire résonner l’onde avec les voyelles puis les consonnes du Triomphe (le nom de l'entité pétrifier). Ne pas chercher le « bon son », mais le son de l'émotion, n'hésitez pas à «chouiner» à la Lune comme un chien, pour réveiller la mémoire oubliée qui se cache dans les plis de nos gorges, de nos cordes vocales.

 Entendre les ritournelles endormies de l'enfance comme un son primal, comme l’onde clandestine de la Lune qui donne forme aux vagues qui sont la mémoire de la mer et l'origine marine de notre sang. Alors, sachons écouter le chant de l'écume de mer.

Faire résonner la pierre, la roche, dans un chant de gorge d’une rivière encaissée d’Ardèche. C’est notre gorge et celle de la montagne qui chantent à l'unisson de l’onde clandestine du jugement (XX), ou de tout autre chose pour vous, venue de la matière vous procurer un frisson. Une force active qui ne cherche ni à dominer, ni à soumettre, mais à composer avec vous une ritournelle rassurante qui permet de créer un territoire même dans le mouvement.

Être chez soi dans l'errance, sentir que l'on fait partie du tout.

Poursuivons encore notre pistage de l’onde clandestine par nous-même, par le ressenti de notre peau, grâce à la délicatesse de la pudeur. Juste remarquer ce qui est intrigant sans le comprendre, c'est ce qui ouvre la piste.

 Comme je l'ai évoqué dans l'article précédent (numéro 2), des éléments constitutifs de l'entité pétrifiés peuvent attirer notre attention dans le paysage, de façon à permettre à l’onde clandestine de nous révéler quelque chose (Maison Dieu et l'arbre à l'intérieur). Mais bien souvent l'onde nous leurre avec des techniques de camouflage émotionnel, nous parlant trop franchement. Voilà pourquoi je pense que pour les contourner mieux vaut ne pas les regarder directement.

Par exemple : observez un Triomphe dans le reflet d’un miroir et posez-vous 22 questions à son sujet, sans chercher à trouver les réponses, simplement pour donner de l'épaisseur à son onde clandestine.

 Faire entrer du vivant dans le champ pour l’élargir. L'écrevisse n'est pas un décor, ni le lion, le chien, l’eau, l’arbre, etc... On s'ouvre pour s'oublier soi-même.

C'est dans le renouvellement du regard que la rencontre a lieu, dans la désinvolture du mental que l’écrevisse nous parle.

Sortir de nos routines de regard en utilisant le son pour mieux voir, de façon à permettre à la Papesse de glisser une note supplémentaire par ventriloquie, comme un écho, mais sans mémoire, pas une preuve juste une trace, les facettes d'un même miroir (chanson de Bashung comme un Lego, mais sans mémoire).

Et pour finir, je parlerais du mauve comme signe de la présence de l'onde clandestine, ce mauve absent des entités pétrifié, avec encore une petite allusion à une autre chanson (cette fois de Léo Ferré).

 Le mauve ! Mais pas n'importe quel mauve, pas le mauve des Lilas, pas le mauve de la glycine ni de La Bruyère même si elle est d'Apollinaire. Non le mauve qui se trouve derrière les yeux de l'onde clandestine, derrière les yeux de l'autre à l'instant de l'amour. Et quand enfin, tu auras trouvé ce mauve, tu entendras une voix qui chouinera sous la lune.

Une voix que tu comprendras de toute éternité dans la surprise fantastique de ta rencontre avec le vivant. 


Je vous souhaite un bon pistage de l’onde clandestine en toute humilité.

En savoir plus

SUR LA PISTE D’UN TRIOMPHE

Quand nous sommes face à une entité pétrifiée, comment lui donner de l'épaisseur, comment entendre son cœur ?  

Sans doute en partant à la recherche de son onde clandestine.


Au début de notre rencontre avec le tarot, les images sont comme des entités pétrifiées elles semblent figées, sans voix. Si on écoute bien dans le lointain, on entend quelque chose et à force d’attention et de persévérance l'image s’anime et nous parle. Rien n’est encore bien clair, il nous faudra affirmer ce sentiment en l’ancrant dans le réel, en fouillant dans les plis secrets du monde, là où se cache l’onde clandestine des entités pétrifiées.


Il y a une quinzaine d'années, en observant le triomphe de la Maison-Dieu, j'ai eu le pressentiment que la tour n'était pas que minérale, pas uniquement construit de pierres. Il y avait à l'intérieur de cette tour, du végétal, un arbre en train de se développer. En plus d'avoir été bâti (dans le temps court), elle était également en croissance (dans le temps long) prête à s'épanouir et à partager quelque chose. Ce n'était à ce stade encore qu'une idée sans rien de vraiment palpable.  

Quelque temps plus tard ? Du côté de Carpentras ? Je suis tombé sur une architecture ressemblant à la tour de La Maison Dieu, la porte était un peu coincée, mais j'ai pu l'ouvrir et entrer.

De l'intérieur je voyais que le sommet était ouvert et que du sol un arbre tendait ses branches vers la lumière, mon pressentiment voulait prendre forme en s’enracinant dans le réel.

Par la suite j'ai découvert le Tarot de Jacques Viéville dont les cartes non pas de nom, seulement des nombres. La construction du Triomphe numéro XVI est très comparable à La Maison Dieu, mais l'élément central n'est pas une tour, c’est un arbre au pied duquel un berger vient faire manger ces bêtes (le chêne offre ses glands). J’ai fait des recherches sur cette représentation qui semble faire référence à la glandée qui était une pratique très répandue au Moyen-âge et qui permettait au berger de nourrir ses bêtes à peu de frais durant le mois de novembre juste avant l'hiver, ce qui démontre bien que quelque chose se partage ici, on récolte le fruit d’un épanouissement. Il n’y a pas de châtiment, pas de punition, pas de foudre venus nous condamner, juste quelque chose qui tombe de l’arbre ou est expulsé de la tour, de notre intérieur vers l’autre, un don au service du vivant.

Voilà pourquoi il est vraiment très enrichissant de partir à la rencontre des Triomphes dans d'autres contextes, de façon à entendre la note de leur onde clandestine, cette note qui vient mettre un peu de vie dans ce qui sinon semblerait pétrifier.

En savoir plus

Les 22 Triomphes du tarot de Marseille vus comme des outils de communication.

Les 22 Triomphes du tarot de Marseille vus comme des outils de communication.


On me demande souvent à quoi sert le Tarot de Marseille ? Il y aurait tellement de réponses à donner à cette question (d'où l'intérêt de ce journal de bord). Mais une des choses les plus importantes me semble être que chaque carte est comme un outil de communication, comme un outil de précision tellement inattendu qu'il peut déstabiliser même les conversations les plus hermétiques.


Au cours d'une soirée à l'atmosphère devenu presque irrespirable par la présence d'une seule personne envahissant tout l'espace il m'a suffi de jeter 3 cartes sur la table et de lui dire : je voulais te poser cette question ! 

Ces 3 triomphes en forme d'interrogation ont déstabilisé notre arrogant, la baudruche s’est dégonflée et d'autres personnes présentes à la table sentant alors l'oxygène revenir dans la pièce ont retrouvés le goût de s'exprimer, de participer et de par ce fait d'enrichir l'atmosphère de leur parfum.

 

Aucun jugement dans tout cela, aucune morale, juste la possibilité de sortir d'une impasse par la richesse de ce qui ne s'impose pas comme une vérité, mais simplement comme une ouverture, un changement de point de vue qui ouvre vers l'inconnu.

 


 Ces cartes rangées dans leur étui ne prennent pas plus de place qu'un téléphone portable et possèdent des capacités insoupçonnées en matière de communication avec autrui.

 

Alors, n'hésitez pas à prendre vos cartes la prochaine fois que vous sortirez, en gardant à l'esprit que c'est aussi un jeu qui se pratique en société. 

En savoir plus

Fortuna divinité du hasard

Quand la froideur d'Aléa se fait ressentir par trop de coups du sort (les aléas de la vie), Fortuna la rusée se fait l'allié des artistes, la Dame Fortune des poètes et des rêveurs, une porte ouverte sur l'imaginaire.


Le rêve irrigue la surprise du poète, une inspiration, une quête d'imprévisible.

Fortuna s'installe dans l'art du voyant poète.

Se faire voyant comme disait Arthur Rimbaud. Découvrir dans le hasard les vérités cachées du monde, cultiver artistiquement les coïncidences, le mystère, l'étrange, les rencontres bizarres, les histoires extraordinaires.


Face à l'aspect merveilleux de certaines coïncidences, l'esprit n'a pas d'autre choix que de s'ouvrir à Fortuna, qui vient à lui telle la déesse de la synchronicité, mettre du sens dans le hasard.

Fortuna était sans doute la muse du poète Stéphane Mallarmé à qui l'on doit le texte intitulé : un coup de dés jamais n'abolira le hasard.

Le hasard utilisé comme déclencheur du poétique.

Écrire pour rechercher la chance. « Chance ô blême divinité je t'ai perdu, mais connaissant les secrets des mots je maintiens entre toi et moi le lien de l'écriture « (Georges Bataille).


Sous l’œil de Fortuna la vie est un jeu et jouer c'est vivre « toute pensée émet un coup de dés » (Mallarmé.)

Dans le plaisir du joueur c'est l'érotisme de la chance et la violence du hasard qui procure le coït, qui en sanskrit veut dire jeu.

Fortuna organise le hasard comme un jeu de cartes à la façon du château des destins croisés d'Italo Calvino.

On assemble des morceaux de Hasard qui finissent par former un château que l'imaginaire vient habiter.


Fortuna encourage à ne pas subir sa destinée, mais a tenté de la prendre en charge, en jouant avec elle, en l'assouplissant, en la portant comme un costume.


Quand la société dit : Votre hasard ne nous regarde pas !

Il est tentant alors de se tourner vers Fortuna qui ouvre les bras, mais beaucoup si sont perdus.

À l'intersection du hasard et de la destinée, les brumes matinales tardent à se dissiper.


S’égarer c'est le risque du jeu que propose Fortuna.


(La boite hôtel Fortuna est une réalisation de Johana Bertet)



En savoir plus

Visions Triomphales

22 Triomphes comme 22 plantes hallucinogènes, mais pour un « good trip », pas pour un mauvais voyage.

Chaque Triomphe est une porte ouverte vers le déroulement d'une vision, une zone de passage qui nous fait entrer dans une roulotte tzigane, alors on se demande ce que l'on fait là ? Je suis dans la roulotte, je vis comme un tsigane, mais je peux sortir quand je veux, sans rien avoir oublié de l'expérience et sans la sensation d'un mauvais rêve.

Grâce à ces images colorées, lumineuses et optiquement frappantes, tout devient visible et audible, les Triomphes servent de base, de point de départ, ils sont des morceaux de rêve du « Grand autre » qui permettent de se reconnecter à notre part d'ombre.

Pourquoi l'exemple Tsigane ?

Dans de nombreux témoignages de vision, d'hallucinations, on retrouve les gitans : On se réveille dans une caravane au milieu d'un campement, ou à l'hôpital à côté d’une Tsigane et de son enfant, ou perdu dans la rue demandant son chemin à une Manouche qui lit les lignes de la main, ou encore au centre d'un cercle de femmes Roumaines en train de chanter et de danser.

Sans doute que la représentation de ces gens du voyage symbolise l'inconnu, une sorte d’archétype. (Plusieurs documents passés dernièrement sur France Culture témoignent de la présence des gitans dans les hallucinations)


Revenons au triomphe comme point de vision.

Alors comment doit-on procéder ? faut-il fumer les cartes, les réduire en poudre, ou les diluer pour les ingérer ? Pourquoi pas, mais le plus simple est surement de les écouter, les regarder, mettre une musique et se glisser dans les plis des costumes, sous la table, dans les sacs, dans les tours, boire à la cruche, ronger un os, se mettre la tête en bas, hurler avec le loup, partir en mer, à pied, à cheval, à dos de Lion, puis de revenir pour en rendre compte.

C’est en décrivant ces visions qu’elles pourront remplacer les fragments perdus de la mémoire oubliée.

En savoir plus

Connais-tu ton point minimal ?

Le Fou dit au bateleur : Tu n'es pas rien, tu es le point minimal et le point minimal ce n'est pas rien !


Le Fou marche sur un chemin qui ne mène pas à Rome et il pense que ce qu'il voit lui cache quelque chose qu'il ne voit pas et que cette chose qu’il ne voit pas est cachée par ce qu'il voit.

 Il tourne en rond, hors de lui-même. Il trace un cercle au centre duquel il n'y a pas la trace du point minimal. Le cercle est ici comme la piste d'un cirque abandonné, si le cercle est vide l'attroupement qui s'est formé se décompose.

La piste prend tout son sens grâce à l’expression de l’artiste au travers de ses pratiques singulières (ce que l’on n’a pas l’habitude de voir).

Le Bateleur en comprenant son point minimal, se lance dans ses pratiques singulières qui vont créer l'attroupement.

Le point forme un cercle, puis le cercle en regardant le point lui donne de la valeur.

Point + cercle = un rassemblement de points de vue qui forment un univers dont chaque point de vue est le centre.


Si le Fou est nomade, le Bateleur est monade.

Monade = L'élément des choses en tant qu'unité minimale, comme un microcosme, un reflet de l'absolu, ce n'est pas un point de l’univers, mais un point de vue sur l'univers.

Le Fou est sans point de vue, il tourne au-delà de lui-même éperdument, par-delà le bien et le mal. Pas l'ombre de l'autre dans le champ de son regard, il cherche le « nous » (lui + l'autre), mais n'ayant pas la trace de lui-même il ne le trouve pas.


Le fou n’a pas le langage du « nous », alors la distance est infinie.

Le Bateleur comme le fou se déplace, mais avec son univers imaginaire de construction. Il ne s’encombre pas d’objet de première nécessité, la nécessité est essentiellement étrangère à son imaginaire.

Il est dans un rapport « poids-puissance-maximum », tout objet transporté doit servir au mieux à la construction de son univers.


Pour le Bateleur, la nécessité n'est pas nécessaire, seul l'imaginaire est indispensable.


En savoir plus

Entendre la voix du ventre, entendre la voix des marionnettes, la ventriloquie.

Pour entendre la voix du ventre, il faut d'abord faire taire la voix du dehors, de l’envoûtement, celle qui nous fait des propositions ne faisant pas sens avec les promesses que l'on s’est faites à soi-même.

Puis, relativiser la voix de tête qui parle du nez, trop rigoureuse et qui a plantée le piquet tuteur qu'il faut maintenant retirer.

Une fois débarrassé de ce piquet, le corps prend de la souplesse et peut se vriller, l'oreille parvient à se poser sur le ventre pour enfin entendre par la deuxième bouche de l’étoile, ce que l'on savait depuis le début, mais que l'on ne savait pas que l'on savait. (« la femme du commencement » n°2 La Papesse, ne parle que par la voix du dedans et ici l’Étoile n°17 offre une bouche à la Papesse.)

Entendre ce que l'on sait et savoir ce que l'on veut, grâce à la ventriloquie !

La voix du ventre est projetée sur un support et nous permet d'entendre là où il n'y a pas encore d'idée, d'entendre le souffle comme dans l'enfance quand on fait parler les poupées par le souffle de l’imagination.

Tous les personnages représentés sur les 22 Triomphes sont comme des poupées que la voix du ventre peut faire parler.


Exemple : Méditer un moment sur les 22 Triomphes, et comprendre quel personnage veut parler, puis le fabriquer de façon symbolique.


Avec par exemple du chiffon, du papier, de la sciure, de la terre, du bois ou n'importe quelle autre matière plus ou moins vivante ou organique.

Une fois ces petites poupées fabriquées, jouer avec, les laisser parler, projeter sur elle toutes sortes de voix venant du souffle du ventre, des voix qui ne ressemblent pas à la voix de tête ni à la voix du dehors. Des petites voix aiguës, des voix chevrotantes, inquiétantes, amusantes, elles ne sont pas de notre volonté, elles sont d’avant, et nous entraînent dans un petit théâtre ou il faut accepter de se perdre.


Ensuite ce qui aura été dit, finira par être entendu !


Ne vous inquiétez pas ce n'est pas de la sorcellerie, il n'y a pas de messe ici ! C'est un jeu qui reconnecte à la pure magie d’avant l'envoûtement, la magie de l'émancipation.

En pratiquant la voix du ventre nous sommes au centre de notre singularité, là où la concurrence et la compétition n'ont plus leurs places, là où la voix de l'envoûtement n'a plus de prise, là où la voix de tête ne parle plus du nez.




Bien sur Le Diable lui aussi à une bouche sur le ventre, mais ceci est une autre histoire que nous aborderons prochainement...

En savoir plus

On fait des tartes aux pommes, mais on ne fait pas de la magie.



Le Bateleur numéro 1 pense qu'il fait de la magie alors qu'il pratique des tours d'illusionnismes.

Force numéro 11, elle est pratiquée par la magie !


Cela se constate de la même manière lorsque « l'on met les doigts dans la prise », on ne fait pas de l'électricité on se fait électrocuter.


Comme l'électricité la magie est une force qui nous traverse.


Pour l'électricité nous savons où se trouve la prise, mais pour la magie, où est elle? Surement dans l’intention.

Formuler l'intention, mettre de l'attention sur son intention, entendre la mémoire oubliée, entendre le chant des triomphes, entendre la voix des abeilles. Comme le disait Nietzsche, « notre cœur se trouve là où sont les ruches là où est notre trésor là aussi est notre cœur, notre trésor est là où bourdonnent les ruches. »


En formulant l'intention, nous entendons ce qui habituellement nous échappe, nous lisons là où il n'y a pas encore l'écriture comme en Mésopotamie dans la pratique de l’haruspicine (lire dans les entrailles des animaux) 


Quand l'intention et la magie nous traverse nous changeons notre rapport au monde, nous ne nous prenons plus pour les grands créateurs les démiurges, mais nous sommes co-auteur de notre univers imaginaire de construction, les choses sont là, elles bourdonnent autour de nous, à nous de les mettre en forme. 


Un exemple : Aujourd'hui nous pouvons voir le texte comme un matériau, nous pouvons le copier, le coller, le couper en un mot le sculpter, il est là avant, mais nous pouvons entendre et voir autre chose entre ces lignes, il suffit de formuler l'intention dans laquelle on décide de le lire, afin que la magie opère.


Si nous lisons un journal avec en tête l'idée qu'un Triomphe va s'adresser à nous, nous susurrer quelque chose et bien ce triomphe ne se gênera pas pour le faire.


Pour cela, parcourir tous les articles du journal jusqu'au moment où un détail attire notre sensibilité, un titre, un nom, une image une analogie qui correspond sur le moment à la représentation d'un des 22 Triomphes, puis entourer les mots où les morceaux de phrase qui se détache du texte et faire disparaître tout le reste.



☀( voir plus bas)


À la fin il nous reste une lettre jetée comme une bouteille à la mer par la magie et la force de l'intention. Le plus étonnant dans le texte final c'est que nous pouvons entendre la voix d'un Triomphe, mais surtout l'affirmation d’une nouvelle intention, dans un rapport de soi à soi sans aucune censure.


Je vous encourage grandement à tenter l'expérience



☀ Transcription du texte:

Titre : LA FORME DE L’EAU 1 + 17 (La Lune).
C’est un conte de laboratoire isolé du reste du monde. Muet, rythmé par des rêves d’eau.
Ceux qui s'aiment sont séparés d'une étrange créature. Où est l’humain? Dans le labyrinthe, dans l'alchimie du bestiaire, exprimer sans un mot.


PS : J’aime beaucoup le (Où est l’humain?) car la Lune est un Triomphe sans représentation humaine.


En savoir plus