Connais-tu ton point minimal ?

Le Fou dit au bateleur : Tu n'es pas rien, tu es le point minimal et le point minimal ce n'est pas rien !


Le Fou marche sur un chemin qui ne mène pas à Rome et il pense que ce qu'il voit lui cache quelque chose qu'il ne voit pas et que cette chose qu’il ne voit pas est cachée par ce qu'il voit.

 Il tourne en rond, hors de lui-même. Il trace un cercle au centre duquel il n'y a pas la trace du point minimal. Le cercle est ici comme la piste d'un cirque abandonné, si le cercle est vide l'attroupement qui s'est formé se décompose.

La piste prend tout son sens grâce à l’expression de l’artiste au travers de ses pratiques singulières (ce que l’on n’a pas l’habitude de voir).

Le Bateleur en comprenant son point minimal, se lance dans ses pratiques singulières qui vont créer l'attroupement.

Le point forme un cercle, puis le cercle en regardant le point lui donne de la valeur.

Point + cercle = un rassemblement de points de vue qui forment un univers dont chaque point de vue est le centre.


Si le Fou est nomade, le Bateleur est monade.

Monade = L'élément des choses en tant qu'unité minimale, comme un microcosme, un reflet de l'absolu, ce n'est pas un point de l’univers, mais un point de vue sur l'univers.

Le Fou est sans point de vue, il tourne au-delà de lui-même éperdument, par-delà le bien et le mal. Pas l'ombre de l'autre dans le champ de son regard, il cherche le « nous » (lui + l'autre), mais n'ayant pas la trace de lui-même il ne le trouve pas.


Le fou n’a pas le langage du « nous », alors la distance est infinie.

Le Bateleur comme le fou se déplace, mais avec son univers imaginaire de construction. Il ne s’encombre pas d’objet de première nécessité, la nécessité est essentiellement étrangère à son imaginaire.

Il est dans un rapport « poids-puissance-maximum », tout objet transporté doit servir au mieux à la construction de son univers.


Pour le Bateleur, la nécessité n'est pas nécessaire, seul l'imaginaire est indispensable.